Taille. Plus grand que. × px Couleur . Transparent Noir et blanc. Images similaires: art sculpture chef-d'Ɠuvre antique beautĂ© 98 Images gratuites de Chef-D'Oeuvre. 73 80 3. Rome Grecque Mythologie. 36 41 1. BethsabĂ©e Au Bain 1654. 31 31 1. Saint Jean-Baptiste. 29 34 1. David Michelangelo. 17 11 1. Jaune Voiture VĂ©hicule. 19 16 2. Le Triomphe De Bacchus. 21 19 0. Cet article date de plus de six ans. L'exceptionnel savoir-faire des compagnons du devoir est Ă  l'honneur Ă  Troyes jusqu'Ă  la fin du mois d'aoĂ»t. Une exposition Ă  la Maison de l’outil rend hommage notamment Ă  François Roux, un menuisier aubois qui rĂ©alisa une piĂšce exceptionnelle composĂ©e de 17 700 Ă©lĂ©ments et entiĂšrement dĂ©montable. Une maĂźtrise qui, aujourd’hui encore, force l’admiration. Article rĂ©digĂ© par PubliĂ© le 11/05/2016 0947 Mis Ă  jour le 06/12/2016 0630 Temps de lecture 1 min. Reportage M. Fournier, P. Mercier, A. Scherchell C’est l’Ɠuvre d’une vie. Il aura fallu 22 ans Ă  François Roux, dit François-le-Champagne 1809-1865, menuisier de gĂ©nie et Compagnon du Devoir, pour rĂ©aliser cette piĂšce inĂ©galĂ©e. Un chef-d’Ɠuvre entiĂšrement dĂ©montable composĂ© de 17 700 piĂšces. Une prouesse technique qui fait aujourd’hui encore l’admiration des nouvelles gĂ©nĂ©rations de menuisiers. Des dizaines d’essences diffĂ©rentes Citronnier, buis, corne, merisier palissandre, noyer... Pour son chef-d'Ɠuvre, le compagnon utilisa de trĂšs nombreuses essences. Chef-d’Ɠuvre dont certaines techniques de fabrication sont restĂ©es secrĂštes, les plans n’ayant jamais Ă©tĂ© retrouvĂ©s. Pour les spĂ©cialistes, le menuisier aurait mĂȘme conçu des outils spĂ©cifiques pour rĂ©aliser certaines piĂšces trĂšs complexes. Devant le caractĂšre exceptionnel de cette rĂ©alisation, François Roux fut reçu en janvier 1862 par NapolĂ©on III. On dit aussi qu'une telle maĂźtrise mit fin Ă  la guerre entre les diffĂ©rentes obĂ©diences de compagnons menuisiers. François Roux mourra en 1865 du cholĂ©ra. Prolongez votre lecture autour de ce sujet tout l'univers Arts-Expos Vu d'Europe Franceinfo sĂ©lectionne chaque jour des contenus issus de mĂ©dias audiovisuels publics europĂ©ens, membres de l’Eurovision. Ces contenus sont publiĂ©s en anglais ou en français. Àl’occasion du 25e anniversaire de l’Institut europĂ©en de formation de Mouchard, les Compagnons du tour de France prĂ©sentent quelques-uns de leurs chefs-d’Ɠuvre dans l’enceinte de la Une entreprise, une Ă©quipe Tailleurs de pierre de mĂ©tier, nous sommes une Ă©quipe expĂ©rimentĂ©e et motivĂ©e pour vous proposer tout type de prestations en taille de pierre massive et d’ornementation. Créée en 2013, l’entreprise intervient dans un rayon de 100 km autour de VitrĂ©. Nous travaillons aussi bien pour le particulier que pour le public dans le cadre d’appels d’offres. Votre patrimoine mĂ©rite de l’attention, faites appel Ă  nos services pour la prĂ©servation de votre bĂąti. Notre engagement est de rĂ©pondre Ă  toutes vos demandes, que ce soit pour une restauration simple de vos façades, jusqu’aux ouvrages plus complexes tels que escaliers, fontaines, lucarne,
 Tous nos travaux sont rĂ©alisĂ©s par les artisans de notre Ă©quipe selon un savoir-faire traditionnel, en atelier ou sur chantier. Quelques prestations Dallages intĂ©rieurs/extĂ©rieurs, pavages Escaliers massifs ou Ă  voutes sarrasines Vasques, Ă©viers, douches Ă  l’italienne Ravalements de façades Enduits chaux et chaux /chanvre Sculpture et ornementation Une entreprise créée en 2013 Damien Masselot est Compagnon du Tour de France. Il dĂ©crit son mĂ©tier comme " porteur de sens et nĂ©cessitant des compĂ©tences trĂšs particuliĂšres". Il le porte en lui comme une vĂ©ritable passion technique et artistique. Avec rigueur et recherche du travail parfait, il aime particuliĂšrement voir s'Ă©panouir l’Ɠuvre au fur et Ă  mesure du travail rĂ©alisĂ© sur la pierre. AprĂšs ses annĂ©es de compagnonnage et la prĂ©sentation de son chef-d’Ɠuvre, il perfectionne son savoir-faire en occupant des postes de technicien aux services culturels du Louvre et conducteur de travaux dans des entreprises de monuments historiques. Puis fort de 18 annĂ©es d'expĂ©rience en restauration du bĂąti ancien, il créé son entreprise en 2013. Sa renommĂ©e et son carnet de commandes lui permettent rapidement d'Ă©toffer son Ă©quipe qu'il choisit avec soin pour la plus grande satisfaction des clients. Damien Masselot vous parle de ses travaux Les Compagnons du Tour de France, une Ă©cole de vie, un voyage initiatique, une formation d'excellence Compagnonnage association entre ouvriers d’une mĂȘme profession Ă  des fins d’instruction professionnelle et d’assistance mutuelle » Il concerne les mĂ©tiers du bĂątiment et de l'ameublement. Faire appel Ă  des artisans compagnons, c’est confier des missions Ă  des femmes et des hommes de confiance qui ont dĂ©veloppĂ© une parfaite maĂźtrise de leur art, et une rigoureuse Ă©thique dans sa mise en Ɠuvre. Fort de 8 siĂšcles d'existence, c'est le prolongement d'une mĂ©thode d'enseignement technique et philosophique dont le principe remonte aux origines des mĂ©tiers Les piliers de la formation Le MĂ©tier, car le Compagnon est d’abord et avant tout un homme de mĂ©tier. Le Voyage, au travers de son pĂ©riple sur le Tour de France, le futur Compagnon rencontre, Ă©change et s’enrichit au contact des autres. La Transmission, parce qu’aprĂšs ĂȘtre devenu Compagnon, cette fascinante aventure continue au contact des jeunes qu’il faut former. AprĂšs avoir passĂ© un diplĂŽme de base, le futur compagnon part faire son tour de France qui dure de 2 Ă  5 ans. Lorsqu'il se sent prĂȘt, le futur compagnon prĂ©sente alors son "chef-d'oeuvre", reprĂ©sentatif de ses acquisitions professionnelles et de sa maĂźtrise de l'art. Pour plus d’informations, nous vous invitons Ă  consulter le site de la FCMB qui regroupe toutes les informations essentielles pour les jeunes dĂ©sireux d’entreprendre ce voyage. LĂ©gende de photos Ascension Nationale des Compagnons Tailleurs de Pierre des Devoirs de la FĂ©dĂ©ration Compagnonnique des mĂ©tiers du BĂątiment - NĂźmes 2016
ActuTV. C'est au travail des compagnons du Devoir que l'on doit des ouvrages comme la tour Eiffel ou la flamme de la statue de la Liberté. Mais

Pour les vacances d'Ă©tĂ©, plongez au cƓur d'un chantier de cathĂ©drale grĂące aux ateliers proposĂ©s par le CathĂ©draloscope ! Visitez ce musĂ©e passionnant et participez en famille Ă  un atelier de taille de pierre et de reconstitution en 3D. Une belle expĂ©rience Ă  vivre les mardis, mercredis et jeudis, de 14h00 Ă  15h30, de 15h30 Ă  17h et de 17h00 Ă  18h30. RĂ©servation fortement conseillĂ©e LES ATELIERS sont proposĂ©s aux vacances d'Ă©tĂ© et de la toussaint ! Pour tous dĂšs 7 ans. DurĂ©e 1h 30 en tout ATELIER DE TAILLE DE PIERRE Un tailleur de pierre installe sa loge dans la cour du Centre. C’est l’occasion, pour petits et grands, d’ĂȘtre initiĂ©s Ă  la taille de pierre et de dĂ©couvrir les secrets de ce mĂ©tier fabuleux. Chaque apprenti repart avec son chef-d’Ɠuvre en souvenir. DurĂ©e 1h30. LES GRANDES MAQUETTES TECHNIQUES Au travail compagnons ! Pour bien comprendre, il faut faire. DĂ©couvrez les techniques et principes de construction de la cathĂ©drale et manipulez arc en plein cintre, arc brisĂ© et charpente. Reconstituez la cathĂ©drale Saint Samson de Dol de Bretagne Ă  l’aide d’un puzzle en trois dimensions et testez votre habiletĂ© de bĂątisseur ! DurĂ©e 30 mn TARIFS Visite du musĂ©e Adultes 6,80€ / Enfants 6 Ă  18 ans 5€ / Forfait famille 20€ Visite du musĂ©e + atelier Adultes 22 € / Enfants 20 € / Forfait Famille 2 adultes + 2 enfants 65 € Atelier seul Adultes 20 € / Enfants 16 € / Forfait Famille 2 adultes + 2 enfants 60 € Audio guide 1,50€ KIDIKLIK VOUS RECOMMANDE de profiter de votre visite au CathĂ©draloscope pour dĂ©couvrir la cathĂ©drale de Dol de Bretagne et le centre historique de la ville. Une belle journĂ©e vous attend autour de cette expĂ©rience mĂ©diĂ©vale. Retrouvez toutes les infos sur la visite du CathĂ©draloscope en rubrique.

Le« chef d’Ɠuvre » est plus communĂ©ment appelĂ© Ă  notre Ă©poque un travail d’adoption pour celui qui veut devenir aspirant, permettant de partir sur le beau Tour de France ou un travail de RĂ©ception permettant de devenir compagnon. AprĂšs quelques mois d’échange avec l’architecte Philipe Schiellein, la communautĂ© de Saint Wandrille et la prise en main d’un logiciel de
1 L’on trouve des organisations de type compagnonnique dans d’autres pays europĂ©ens, notamment en All ... 2 Concernant le dĂ©clin compagnonnique et la politique des regroupements dans la premiĂšre moitiĂ© du xx... 1Les chefs-d’Ɠuvre des compagnons du tour de France sont connus. Plus exactement, ils sont gĂ©nĂ©ralement la part connue d’une communautĂ© que le profane » ou le civil » – termes que les compagnons emploient pour dĂ©signer ceux qui n’ont pas passĂ© l’initiation compagnonnique – ignore largement quant Ă  d’autres aspects. L’on mĂ©connaĂźt par exemple que le compagnonnage, en France1, ce sont aujourd’hui environ 10 000 compagnons avec quelque 250 Ă  300 nouveaux reçus chaque annĂ©e rĂ©partis en plusieurs groupes aux pĂ©rimĂštres relativement variables. Depuis les annĂ©es 1950, trois groupements occupent l’essentiel du paysage compagnonnique français, mettant dĂ©finitivement un terme Ă  la logique corporative chaque corps de mĂ©tier avait alors son compagnonnage, Ă  savoir ses rĂšglements propres, ses rites, son Devoir », son rĂ©seau qui a prĂ©sidĂ© sans partage jusqu’à la fin du xixe siĂšcle, laissant dĂ©sormais la place au principe des ralliements », des fĂ©dĂ©rations », des alliances », parfois des fusions ». L’Union compagnonnique des Devoirs unis, fondĂ©e en 1889, est le tĂ©moin encore vivant de cette Ă©poque. Elle rĂ©unit quelque 1 000 compagnons pour une centaine de mĂ©tiers, ayant Ă©largi aussi loin que possible la dĂ©finition d’un mĂ©tier compagnonnique on y trouve des prothĂ©sistes dentaires et se chargeant d’intĂ©grer, parfois par le biais d’un seul reprĂ©sentant, les mĂ©tiers d’art orfĂšvres, potiers d’étain, etc. ou ceux en voie de disparition bourrelier. À ses cĂŽtĂ©s, l’Association ouvriĂšre des compagnons du Devoir du tour de France, fondĂ©e en 1941 Ă  l’initiative des quelques compagnons des vieux Devoirs » dĂ©sireux de relancer l’activitĂ© compagnonnique alors en dĂ©clin et largement folklorisĂ©e2, rĂ©unit aujourd’hui la majoritĂ© des compagnons un peu plus de 5 500 pour vingt-cinq mĂ©tiers au sein d’un rĂ©seau de maisons » qui couvre parfaitement le territoire mĂ©tropolitain. Enfin, la FĂ©dĂ©ration compagnonnique des mĂ©tiers du bĂątiment et autres activitĂ©s, avec ses 3 500 compagnons pour dix mĂ©tiers, complĂšte le tableau. Créée en 1952 par des compagnons qui ne se reconnaissaient pas dans la nouvelle Association ouvriĂšre qui avait – bien que dans une moindre mesure par rapport Ă  l’Union compagnonnique – ouvert la voie Ă  un certain effacement des spĂ©cificitĂ©s corporatives, la FĂ©dĂ©ration maintient le principe d’une certaine indĂ©pendance des corps de mĂ©tiers, qui conservent leurs usages et rites compagnonniques spĂ©cifiques, ainsi que des sites rĂ©gionaux. La coutume Ă  Marseille n’est pas exactement celle de Bordeaux, de Paris ou de Tours. 3 Le texte a Ă©tĂ© dĂ©nichĂ©, Ă©ditĂ© et commentĂ© par Daniel Roche MĂ©nĂ©tra 1998 [1982]. 2Aussi, en arriĂšre-plan de la tendance aux regroupements, demeurent ancrĂ©es dans les esprits et vĂ©cues quotidiennement dans l’exercice de la profession l’autonomie et la spĂ©cificitĂ© de chaque corps de mĂ©tier. Cela crĂ©e un climat de tension relative oĂč, quel que soit le format d’association adoptĂ©, la possibilitĂ© d’un dĂ©tachement ou d’une scission plane et devient parfois rĂ©alitĂ©. DĂšs lors, le paysage actuel prĂ©sente une plus grande complexitĂ© que l’allure gĂ©nĂ©ralement affichĂ©e. De l’Association ouvriĂšre s’est dĂ©tachĂ© en 2000 un groupe de tailleurs de pierre, l’Association des compagnons tailleurs de pierre, dite l’Alternative », qui possĂšde sa propre organisation, son tour de France, ses coutumes. En 2008, c’est la SociĂ©tĂ© des compagnons selliers, tapissiers, maroquiniers, cordonniers-bottiers des compagnons du Devoir du tour de France qui quitte l’Association ouvriĂšre pour rester fidĂšle Ă  son idĂ©al compagnonnique », comme l’explique son prĂ©sident. Enfin, en 2011, quelques compagnons des mĂ©tiers de bouche de l’Association ouvriĂšre reprennent leur indĂ©pendance pour former, le jour de la Saint-HonorĂ©, la FĂ©dĂ©ration des compagnons boulangers-pĂątissiers restĂ©s fidĂšles au Devoir, qui rĂ©unit quelque cent cinquante membres. De mĂȘme, la FĂ©dĂ©ration compagnonnique a vu en 2005 un certain nombre de ses charpentiers, couvreurs et plombiers quitter son giron pour former la Cayenne ItinĂ©rante » ; et elle a accueilli rĂ©cemment la SociĂ©tĂ© des compagnons peintres-vitriers du Devoir, un ancien compagnonnage pour lequel nous possĂ©dons notamment l’une des toutes premiĂšres autobiographies compagnonniques, celle de Jacques-Louis MĂ©nĂ©tra3 1738-1812. 3Cette nĂ©buleuse compagnonnique n’est composĂ©e que pour partie, et en minoritĂ©, de compagnons. La plupart des individus rencontrĂ©s dans les siĂšges », chambres » ou cayennes » sont seulement des prĂ©tendants au titre. Il s’agit de jeunes apprentis en formation initiale qui intĂšgrent un centre de formation d’apprentis CFA compagnonnique pour prĂ©parer au mieux les Ă©preuves du certificat d’aptitude professionnelle CAP et du brevet d’études professionnelles BEP, et dont quelques-uns seulement poursuivront leur route avec les compagnons. Ils partiront ainsi sur le tour de France en tant qu’ aspirant », affiliĂ© » ou jeune homme », selon les corps de mĂ©tiers, pour devenir compagnon » aprĂšs quelques annĂ©es. Les chiffres font dĂ©faut mais l’on peut dire que, pour une vingtaine d’entrĂ©es en tant qu’apprenti, une seule donne lieu Ă  un parcours complet, l’achĂšvement du tour de France et l’acquisition du statut de compagnon. 4MalgrĂ© le morcellement institutionnel du paysage compagnonnique, la disparitĂ© des statuts et la pluralitĂ© des usages, il existe des points de jonction et des lieux oĂč les discours et les reprĂ©sentations, sinon les pratiques, s’unifient relativement. L’un de ces lieux est la rĂ©alisation par les compagnons, Ă  diffĂ©rents moments de leur existence, de chefs-d’Ɠuvre remplissant diffĂ©rentes fonctions. Dans un texte inaugural, essentiellement descriptif, prĂ©lude Ă  une Ă©tude systĂ©matique des chefs-d’Ɠuvre compagnonniques qui reste Ă  faire, Roger LecottĂ© 1980 dressait une typologie fonctionnelle de ces ouvrages. Aux cĂŽtĂ©s du chef-d’Ɠuvre de rĂ©ception » qui fait accĂ©der Ă  l’état de compagnon et dont il sera plus prĂ©cisĂ©ment discutĂ© ici, il identifiait des chefs-d’Ɠuvre de reconnaissance qui incluent le prĂ©cĂ©dent en quelque sorte, de prestige, de commĂ©moration, de compĂ©tition, d’amitiĂ©, de retraitĂ©, servant d’enseigne fig. 2, et ceux, plus inclassables en quelque sorte, Ă  savoir les chefs-d’Ɠuvre pour passer le temps, chefs-d’Ɠuvre violons d’Ingres » fig. 1. AffinĂ©e parfois Icher 2007 262-263, cette typologie mĂ©rite d’ĂȘtre discutĂ©e. Si elle dĂ©taille avec soin les diffĂ©rentes fonctions des chefs-d’Ɠuvre compagnonniques, elle ne nous renseigne ni sur ce que ceux-ci signifient ni comment ils signifient. Or il apparaĂźt que le dit essentiel du chef-d’Ɠuvre compagnonnique est l’attachement. Il traduit et accompagne l’établissement des liens sociaux, Ă©conomiques, affectifs, intellectuels qui traversent le compagnonnage, que ceux-ci soient hiĂ©rarchiques, amicaux ou mĂȘme hostiles. Se faire la guerre pour la possession d’un marchĂ© du travail par chefs-d’Ɠuvre de compĂ©tition » interposĂ©s comme aux xviiie et xixe siĂšcles, c’est encore Ă©tablir un lien. Or l’objet n’y suffit pas en lui-mĂȘme. Il faut pouvoir y lire l’attachement par les maniĂšres et les techniques qui l’ont rendu possible, par le temps qu’il a nĂ©cessitĂ©, par le degrĂ© d’implication de l’ouvrier. fig. 1 Chef-d’Ɠuvre de dĂ©lassement ou violon d’Ingres » du compagnon forgeron Sylvain Villedieu, 1830-1912, pot Ă  tabac, porte-cigare et allumettes, xixe siĂšcle. Tours, musĂ©e du Compagnonnage. © Photo Richard Nourry. fig. 2 Treize scĂšnes de compagnonnage entourant saint Éloi en Ă©vĂȘque entourĂ© de deux chiens, 1878, enseigne de marĂ©chal-ferrant en forme de fer Ă  cheval. Marseille, musĂ©e des Civilisations de l’Europe et de la MĂ©diterranĂ©e MuCEM. © RMN-Grand Palais MuCEM. 4 Sur les rapports entre compagnonnage et patrimoine culturel immatĂ©riel, je me permets de renvoyer Ă  ... 5Et les compagnons ne laissent guĂšre d’incertitude sur ce point. Quand il s’est agi, Ă  partir de 2008, de rĂ©flĂ©chir Ă  la possibilitĂ© d’une candidature collective des groupements compagnonniques pour une inscription sur la liste reprĂ©sentative du patrimoine culturel immatĂ©riel de l’humanitĂ©, il a fallu proposer la lecture d’un monde commun tenu par un ressort qui procurerait Ă  tous les compagnons un sentiment d’identitĂ© et de continuitĂ© », pour reprendre les termes de l’Unesco4. Leur sont alors apparus relever fondamentalement de cette catĂ©gorie le goĂ»t et les maniĂšres proprement compagnonniques de transmettre les savoirs. Non le tour de France en gĂ©nĂ©ral mais ce qui, pendant cette pĂ©riode de formation, se passe dans les ateliers ; non la mise en avant des chefs-d’Ɠuvre, mais celle de l’ensemble des processus qui en conditionnent l’élaboration. 5 Inutile de s’appliquer Ă  signaler la liste des textes qui font le sacrifice » du lexique. L’on pe ... 6Et ce n’est pas seulement la logique de patrimoine immatĂ©riel qui a rendu nĂ©cessaire la mise en avant des processus, des gestes, des reprĂ©sentations, en lieu et place des objets et des monuments. En rĂ©alitĂ©, les compagnons Ă©prouvent une certaine mĂ©fiance Ă  l’encontre de la qualification profane d’une piĂšce comme chef-d’Ɠuvre ». Y compris un connaisseur aussi avisĂ© que LecottĂ© qui, sans doute pour satisfaire aux exigences d’une Ɠuvre de vulgarisation LecottĂ© 1980, trahit quelque peu la rĂ©alitĂ© des usages linguistiques des compagnons5. Ces derniers tendent en effet Ă  rĂ©server le terme chef-d’Ɠuvre » aux rĂ©alisations collectives ou Ă  but collectif, tels ces grands ouvrages destinĂ©s Ă  servir d’emblĂšme au corps de mĂ©tier d’une ville particuliĂšre et que l’on retrouve si frĂ©quemment chez les couvreurs et les charpentiers ; fig. 7. Pour les autres travaux, plus individuels, les compagnons prĂ©fĂšrent parler de travail de rĂ©ception » pour devenir compagnon ou de maquette », et il n’existe aucun terme correspondant prĂ©cisĂ©ment Ă  ces travaux personnels effectuĂ©s pour le plaisir de l’accomplissement d’un geste ou par amitiĂ©. Dans l’ordre des productions individuelles, les chefs-d’Ɠuvre sont ailleurs. Ils dĂ©signent notamment ces piĂšces rĂ©alisĂ©es pour les concours organisĂ©s par la SociĂ©tĂ© des meilleurs ouvriers de France MOF auxquels des compagnons participent rĂ©guliĂšrement mais qui sont Ă  dissocier du parcours compagnonnique. S’il est permis dans ce cas de parler de chefs-d’Ɠuvre, c’est que, du point de vue compagnonnique, la dimension collective se manifeste au travers du geste individuel. Un compagnon qui se prĂ©sente au concours MOF le fait, certes, en son nom propre mais il a aussi la charge explicite de dĂ©fendre et de rĂ©affirmer la valeur de la formation compagnonnique fig. 3. fig. 3 Chef-d’Ɠuvre rĂ©alisĂ© par un compagnon du Devoir, mai 1956. © Roger-Viollet. fig. 4 Jean-Paul Chapelle, La Tradition de l’épure. Ici, le travail d’un charpentier de Devoir de LibertĂ© rĂ©alisĂ© en 1888 reprĂ©sentant un comble. © FĂ©dĂ©ration compagnonnique des mĂ©tiers du bĂątiment. fig. 5 Page d’un cahier de chansons compagnonniques d’un compagnon charpentier, 1893. Marseille, musĂ©e des Civilisations de l’Europe et de la MĂ©diterranĂ©e MuCEM. © RMN-Grand Palais MuCEM/HervĂ© JĂ©zequel. fig. 6 Champ de conduite de Labrie l’Île d’amour, dit le DĂ©sirĂ©, compagnon charpentier partant de Bordeaux pour aller Ă  Paris en finissant son tour de France pour rentrer chez lui en 1826. Marseille, musĂ©e des Civilisations de l’Europe et de la MĂ©diterranĂ©e MuCEM. © RMN-Grand Palais MuCEM/GĂ©rard Blot. fig. 7 Chef-d’Ɠuvre emblĂ©matique de la confrĂ©rie Compagnons charpentiers du Devoir de LibertĂ©, Paris, restaurant Les Charpentiers, vers 1900. © Albert Harlingue/Roger-Viollet. 7Cependant, l’objet lui-mĂȘme, exposĂ© dans des musĂ©es ou dans les siĂšges compagnonniques, est saisi par un regard qui le qualifie, vraisemblablement imprĂ©gnĂ© des critĂšres de l’objet d’art occidental la manifestation d’un savoir-faire non partagĂ© par une majoritĂ©, la mise en retrait de toute dimension fonctionnelle et, Ă©ventuellement, un moment ou un lieu une exposition, un musĂ©e qui institue l’art. Les compagnons n’échappent que difficilement Ă  l’emprise de l’impĂ©ratif C’est de l’art ! ». Aussi ne satisfont-ils pas toujours avec une extrĂȘme rigueur aux rĂšgles lexicales qu’ils rappellent Ă  l’ethnologue qui les interroge sur ce point chef-d’Ɠuvre », pour simplifier, mais aussi parce que le vocabulaire fait dĂ©faut dans plusieurs cas de figure les ouvrages d’amitiĂ© et de commĂ©moration notamment. 8Cependant, le sacrifice linguistique ne prĂ©suppose pas nĂ©cessairement celui de la pensĂ©e. C’est d’ailleurs ce qui crĂ©e le malaise, que j’avais d’abord interprĂ©tĂ© comme de la mĂ©fiance tant les compagnons me reprenaient quand j’employais le mot Ă  mauvais escient alors mĂȘme qu’ils s’accordaient Ă  eux-mĂȘmes une plus grande libertĂ©. C’est que, sans doute, ils savaient de quoi ils parlaient, en dĂ©pit du lexique, alors que l’illusion terminologique devait avoir pour moi, ignorant du rĂ©el, l’allure de la rĂ©alitĂ©. Les compagnons pensaient, Ă  juste titre, que je prenais le chef-d’Ɠuvre » au pied de la lettre. Tout m’avait en effet portĂ© Ă  croire que nous Ă©tions dans le registre de l’Ɠuvre d’art dont les objets compagnonniques, et notamment ces travaux rĂ©alisĂ©s pour l’acquisition du statut de compagnon, prĂ©sentaient de nombreuses caractĂ©ristiques. De celles-ci, imprĂ©cisĂ©ment formulĂ©es d’ailleurs, se dĂ©gageait nettement le critĂšre de singularitĂ©. Tout travail de rĂ©ception », toute maquette » est unique. D’ailleurs, il me fut facile de comprendre par la suite que, si la surveillance lexicale des compagnons sur mon discours s’était attĂ©nuĂ©e, cela ne signifiait ni un relĂąchement de l’attention ni un renoncement Ă  m’instruire, mais bien l’admission au sein d’un cercle proche d’individus qui tout en n’étant plus des profanes ne peuvent pas pour autant prĂ©tendre Ă  une initiation. Cette catĂ©gorie de personnes, prĂ©sente Ă  l’esprit de tous les compagnons quel que soit leur groupement, n’a d’existence linguistique que pour quelques-uns, comme les compagnons charpentiers du Devoir qui qualifient ceux qui en relĂšvent de renards Ă©clairĂ©s ». 6 Cas superbe ici, et qu’il faudrait explorer en dĂ©tail, d’un lieu rĂ©unissant l’ensemble des critĂšres ... 9En renard Ă©clairĂ©, je saisissais confusĂ©ment que le malaise des compagnons venait de l’idĂ©e d’art, du jugement Ă©troitement esthĂ©tique portĂ© sur le chef-d’Ɠuvre qui tend Ă  en faire l’objet inutile par excellence, rĂ©alisĂ© dans le confort d’un temps de loisir. Il n’en est rien, et tout particuliĂšrement pour le chef-d’Ɠuvre de rĂ©ception dont il sera ici question. Mais si les compagnons se mĂ©fient du jugement esthĂ©tique profane et refusent catĂ©goriquement d’ĂȘtre qualifiĂ©s d’artistes6 l’étiquette Ă©tant accusĂ©e d’effacer le travail », ils n’en arrivent pas cependant Ă  mettre entre parenthĂšses la dimension esthĂ©tique dans la rĂ©alisation du travail de rĂ©ception. Celle-ci est au contraire le centre d’attentions particuliĂšres, appliquĂ©es toutefois aux gestes Ă  la situation, au contexte, etc. plutĂŽt qu’à l’objet rĂ©alisĂ©. La langue, une fois encore, est rĂ©vĂ©latrice. ExĂ©cuter le chef-d’Ɠuvre chez les compagnons se dit tailler la rĂ©ception ». Disparu l’objet, restent l’enjeu initiatique surplombant et, surtout, l’ensemble des actions tailler » est confus cela va du traçage Ă  la coupe et Ă  l’assemblage qui le conditionnent. Tailler la rĂ©ception » dĂ©signe Ă  la fois un programme technique, une rĂ©flexion sur soi et un mode de vie que les compagnons Ă©valuent ensemble aux diffĂ©rents moments de l’opĂ©ration. La critique », ou l’exercice de la facultĂ© de se juger 7 Des cas italiens dans Cerutti 2010 585. 10Il est un moment privilĂ©giĂ© pour dĂ©terminer les critĂšres du jugement esthĂ©tique chez les compagnons c’est celui oĂč, une fois l’ouvrage achevĂ©, on attend l’heure de l’initiation suspendue Ă  la critique », c’est-Ă -dire Ă  l’examen de l’Ɠuvre du prĂ©tendant par plusieurs compagnons qui en soulignent les qualitĂ©s et les dĂ©fauts. Ce moment varie fortement d’un groupement Ă  l’autre, voire d’un corps de mĂ©tier Ă  l’autre. Selon les usages, il peut tendre au dialogue bienveillant, prĂ©lude Ă  l’accueil d’un nouveau pair, comme souvent Ă  l’Union compagnonnique. Mais dans la mesure oĂč le systĂšme de l’Union ne pratique pas la formation initiale au mĂ©tier et n’accueille donc que des ouvriers dĂ©jĂ  formĂ©s et souvent mĂȘme expĂ©rimentĂ©s, il est vrai que se prĂ©sentent Ă  la critique des ouvriers d’un certain Ăąge qui inscrivent cette rĂ©alisation dans un parcours parfaitement intellectuel et non strictement professionnel. À l’inverse, Ă  l’Association et Ă  la FĂ©dĂ©ration, le moment de la critique est gĂ©nĂ©ralement l’occasion d’une mise Ă  l’épreuve du candidat auquel on ne pardonne aucune de ses insuffisances. La divergence n’est pas rĂ©cente. On la trouve dans la description des examens professionnels qui se gĂ©nĂ©ralisent en Europe au xviiie siĂšcle et auxquels Ă©taient soumis ceux qui souhaitaient accĂ©der Ă  la maĂźtrise dans le systĂšme corporatif d’Ancien RĂ©gime Berg, Hudson et Sonenscher 1983. À cette Ă©poque dĂ©jĂ , le critĂšre d’ñge en transformait l’allure, les ouvriers expĂ©rimentĂ©s acceptant de mauvaise grĂące et rĂ©clamant souvent des dĂ©rogations l’exigence de produire un chef-d’Ɠuvre et prĂ©fĂ©rant se prĂ©senter Ă  un examen simplifiĂ© ne portant que sur des connaissances plus thĂ©oriques7. 11La ressemblance de ce moment critique » avec la soutenance de thĂšse dans le monde scientifique n’échappe en rien aux compagnons, qui filent tant la mĂ©taphore qu’elle devient le signe d’une connivence spĂ©cifique. Tout porte Ă  croire en effet, bien que l’on manque d’indications explicites, qu’au moment oĂč la pratique d’un travail de rĂ©ception » se rĂ©organise et se systĂ©matise dans le compagnonnage seulement dans le courant du xxe siĂšcle, l’on se serait inspirĂ© du seul grand rite scolaire qui semblait alors Ă©quivalent. Sans doute, la prĂ©sence significative d’intellectuels de formation dans les rangs des groupements compagnonniques des annĂ©es 1920 aux annĂ©es 1940 pĂ©riode d’étiage du vivier compagnonnique autorise cette porositĂ© des mondes. Celle-ci donne Ă  la critique » d’aujourd’hui un caractĂšre qu’elle n’avait probablement pas lors des anciens examens corporatifs et qui en fait le moment d’une Ă©valuation plus gĂ©nĂ©rale et condensĂ©e de l’ensemble des qualitĂ©s et des dĂ©fauts de l’aspirant, tant sur le plan technique qu’intellectuel et moral. Le cas des compagnons charpentiers fournira ici le matĂ©riau ethnographique nĂ©cessaire Ă  l’analyse. Quand je taillais la rĂ©ception, je ne savais plus oĂč j’habitais. C’était la folie ! On bossait jusqu’à pas d’heure, et on embauchait le lendemain au radar. Le truc, c’est qu’au boulot le singe [le patron] il s’en moquait pas mal que tu tailles pour les compagnons il fallait que tu sois d’attaque. Et les compagnons, tu savais qu’ils t’attendaient Ă  la fin et qu’ils ne te louperaient pas. Angoumois l’Ami des Filles 12Les compagnons qui attendent voilĂ  les traits que prend la critique » pour l’aspirant qui est sur le tour de France et projette de devenir Ă  son tour compagnon. Cette attente n’est pas seulement supposĂ©e ou fantasmĂ©e. En effet, si le jeune itinĂ©rant se dĂ©cide Ă  tailler la rĂ©ception, c’est gĂ©nĂ©ralement que des compagnons l’invitent Ă  franchir le pas parce qu’ils le jugent capables » et, comme le disait dĂ©jĂ  le vitrier MĂ©nĂ©tra dans son journal, parce qu’il faut faire une fin » MĂ©nĂ©tra 1998 [1982] 202. Ce moment survient de façon variable d’un individu Ă  l’autre, mĂȘme s’il est encadrĂ© par des usages propres Ă  chaque mĂ©tier. Chez les charpentiers, l’on ne peut ĂȘtre capable » avant trois ou quatre annĂ©es passĂ©es sur le tour de France. Et ne pas avoir rĂ©pondu Ă  cet appel aprĂšs six annĂ©es d’itinĂ©rance rend l’itinĂ©rant suspect veut-il vraiment s’engager plus avant dans la sociĂ©tĂ© compagnonnique ? La capacitĂ© », dans le lexique compagnonnique – utilisĂ©e Ă  la fois pour qualifier un potentiel technique, une performance chantĂ©e en public ou la conduite d’une cĂ©rĂ©monie –, n’est pas une propriĂ©tĂ© que l’on acquiert une fois pour toutes. Il appartient Ă  chacun de mettre Ă  profit cette qualification provisoire, nĂ©cessaire Ă  la rĂ©alisation de tĂąches spĂ©cifiques comme tailler la rĂ©ception, mener un dĂ©filĂ© compagnonnique, chanter ou parler en public, etc. Puisque les compagnons m’en ont jugĂ© capable » telle est la formule habituelle qui introduit ces exĂ©cutions techniques, rituelles et coutumiĂšres. 13On est souvent dĂ©signĂ© capable officieusement, au dĂ©tour d’une discussion informelle. C’est arrivĂ© comme ça. Je venais de dĂ©barquer Ă  Anglet. C’était ma quatriĂšme ville sur le tour. Et un jour, un compagnon avec qui j’avais bien accrochĂ© me dit Faudrait peut-ĂȘtre que tu penses Ă  tailler la rĂ©ception. » Dans ces cas-lĂ , tu ne dis pas que tu ne te sens pas, que tu n’es pas prĂȘt. Je crois que j’ai dit Tu crois ? » ou un truc dans le genre. Il m’a dit oui, oui », et c’était rĂ©glĂ©. Sauf que je savais ce que ça voulait dire. Je les avais vus, les copains qui taillaient la rĂ©ception ; et les compagnons qui Ă©taient sur leur dos toute l’annĂ©e. Sur le coup, tu es fier parce qu’on te dit que tu es capable, et en mĂȘme temps je n’étais pas sĂ»r de l’ĂȘtre. Beauceron la SincĂ©ritĂ© 14Il faut alors officialiser ce nouvel Ă©tat pour lequel il n’est pas de qualificatif spĂ©cifique l’itinĂ©rant taille la rĂ©ception », voilĂ  ce qui le dĂ©signe, et rendre concrĂšte et publique l’attente des compagnons Ă  son Ă©gard. L’itinĂ©rant sait qu’il doit pour cela Ă©crire, Ă  la main prĂ©cise-t-on, une lettre dans laquelle il aura Ă  dĂ©tailler les raisons qui l’amĂšnent Ă  souhaiter ĂȘtre reçu » par les compagnons. C’est dĂ©jĂ  tailler la rĂ©ception que de dĂ©crire ses intentions et procĂ©der Ă  ce retour sur soi. Or, lĂ  n’est pas la partie du processus Ă  laquelle les itinĂ©rants se plaisent Ă  consacrer leur temps. On remet toujours la lettre Ă  plus tard, ce qui ne manque pas d’ailleurs d’impatienter les compagnons qui expriment alors plus clairement une attente gĂ©nĂ©rale Tu as fait ta lettre ? Tu as fait ta lettre ? Ça revenait en permanence. Je n’arrivais dĂ©jĂ  pas Ă  m’en sortir avec ma maquette, alors la lettre
 Des fois, on en rigolait entre itinĂ©rants. On en rĂ©veillait un au milieu de la nuit et on gueulait “ Tu as fait ta lettre ? ” » Beauceron la SincĂ©ritĂ© Mais Ă  l’approche du printemps, quand le travail doit ĂȘtre achevĂ© avant la Saint-Joseph, le 19 mars, fĂȘtĂ©e par les compagnons charpentiers, il n’est plus possible de reculer. La critique » est programmĂ©e. 8 Cette proximitĂ© entre le travail du rĂȘve » et le travail de l’art » a Ă©tĂ© soulignĂ©e par le crit ... 15Des compagnons qui attendent donc. Qu’attendent-ils exactement ? Le chef-d’Ɠuvre, certes, mais pas seulement. Il faut l’accompagner d’un environnement, Ă  la fois sensible et intellectuel, dans lequel il prend son sens. C’est cet environnement qui est attendu et demande Ă  ĂȘtre explicitĂ© alors qu’il est ordinairement sous-entendu. Il y a dans le chef-d’Ɠuvre compagnonnique, et peut-ĂȘtre est-ce aussi ce qui le rapproche de l’Ɠuvre d’art, un travail de condensation, au sens freudien du terme, qui le charge de significations multiples, l’épaissit d’interprĂ©tations, le surdĂ©termine dans des registres trĂšs divers8. Au moment de la critique, il faut dĂ©plier l’Ɠuvre et l’Ɠuvrier. La lettre, remise quelque temps auparavant, dĂ©voile ainsi les intentions, le sens de l’entreprise, et situe l’objet dans un parcours biographique. À ce sens gĂ©nĂ©ral, qui est presque une direction, s’ajoute l’explicitation d’un sens plus particulier. Il est en effet demandĂ© Ă  l’itinĂ©rant de prĂ©senter son travail, de le soutenir, d’évoquer les traditions techniques par rapport auxquelles il se situe, de faire Ă©tat, en somme, de la culture qu’il recĂšle. C’est, outre les difficultĂ©s techniques que seul un regard averti peut mesurer, ce qui distingue gĂ©nĂ©ralement le travail de rĂ©ception des maquettes effectuĂ©es les annĂ©es prĂ©cĂ©dentes sur le tour de France. L’ouvrage est ainsi l’occasion d’attester sa connaissance des lĂ©gendes et de l’histoire compagnonniques, son attachement Ă  la ville dans laquelle on est sur le point de devenir compagnon ou sa maĂźtrise des traditions du mĂ©tier par la connaissance des grandes Ɠuvres qui en ont fait l’histoire, des symboles qui le reprĂ©sentent, etc.. Tels sont les grands registres de la culture manifestĂ©s dans le travail de rĂ©ception le mĂ©tier, l’histoire et les traditions locales, le compagnonnage. Plus rarement, le futur reçu y exprime une sensibilitĂ© personnelle, son attachement Ă  un loisir, un sport, une pratique fig. 7. Mais, au-delĂ  du sujet retenu et du rĂ©fĂ©rent, l’important est que l’ouvrage signifie et qu’il trouve une raison d’ĂȘtre culturelle. Aussi, quand il arrive, comme souvent d’ailleurs chez les charpentiers, que le travail de rĂ©ception ne s’affiche pas explicitement comme porteur de culture les maquettes des charpentiers sont moins figuratives », Ă  la fois pour des raisons techniques et coutumiĂšres, que celles des pĂątissiers ou des tailleurs de pierre, le registre technique est alors surinvesti. C’est par exemple le cas de la maquette de rĂ©ception d’un charpentier bordelais, rĂ©alisĂ©e en 2001 et exposĂ©e dans le petit musĂ©e qui jouxte le siĂšge de la FĂ©dĂ©ration compagnonnique Ă  Bordeaux. Elle n’affiche aucun trait de culture » lisible par un profane et n’a pas nĂ©cessitĂ© un nombre d’heures de travail exceptionnel 280 est-il prĂ©cisĂ©, quand la rĂ©alisation d’un travail de rĂ©ception en charpente en requiert frĂ©quemment 400 ou 500. Aussi le cartel de prĂ©sentation qui accompagne la piĂšce doit-il la rendre plus lĂ©gitime La complexitĂ© de l’ouvrage rĂ©side dans la particularitĂ© du tracĂ© piĂšces de bois Ă  devers et de forme triangulaire. » Aucune autre maquette du musĂ©e ne comporte ce type de mention rĂ©vĂ©lant le rĂ©fĂ©rent, le trait de culture » la complexitĂ© » dans le cas prĂ©sent. 9 Il s’agit, schĂ©matiquement, de la vue en plan de l’ouvrage Ă  rĂ©aliser, vue au moyen de laquelle son ... 10 Sur le trait des charpentiers et l’ensemble de cette culture technique, on pourra se reporter aux t ... 16L’on rejoint ici un autre aspect, une autre attente des compagnons au moment de la critique la manifestation de la maĂźtrise d’une certaine culture technique. Il s’agit lĂ  de dĂ©plier le chef-d’Ɠuvre au sens propre du terme. Dans certains cas, et notamment en menuiserie et en charpente, il pouvait ĂȘtre demandĂ© au candidat de dĂ©sassembler puis de rĂ©assembler son ouvrage sous les yeux des compagnons. Par ailleurs, on exige toujours de l’itinĂ©rant qu’il prĂ©sente l’épure de son Ɠuvre, c’est-Ă -dire le travail prĂ©paratoire de gĂ©omĂ©trie descriptive que les compagnons appellent trait9 » que l’on retrouve en charpente, en menuiserie ou, sous des formes diffĂ©rentes, en taille de pierre, repassĂ© Ă  l’encre de Chine et qui subit, au mĂȘme titre que l’ouvrage, l’examen sĂ©vĂšre du jury compagnonnique10 fig. 4. C’est Ă  la lecture de l’épure, parfaitement impermĂ©able au profane, que se dĂ©voilent des choix thĂ©oriques, des options techniques qui disent l’attachement Ă  une tradition de mĂ©tier plutĂŽt qu’à une autre. Ainsi, en charpente, il existe diffĂ©rents types de trait la typologie elle-mĂȘme faisant l’objet de dĂ©bats, et opter pour le trait par rembarrement » plutĂŽt que pour la sauterelle » ou affirmer l’antĂ©rioritĂ© et la supĂ©rioritĂ© de l’épure au niveau de devers » seront autant d’indications soumises Ă  la critique. 11 On aura reconnu ici la combinaison qui fait l’artiste pour Claude LĂ©vi-Strauss 1962 37. 17La critique dĂ©gage les points d’articulation entre ces Ă©lĂ©ments attendus la lettre, l’ouvrage et son Ă©tude prĂ©paratoire, ainsi qu’un discours qui expose la culture vĂ©hiculĂ©e par l’objet ; elle est l’occasion de confĂ©rer une cohĂ©rence Ă  l’ensemble. La juxtaposition inĂ©dite d’un discours oral sur la culture compagnonnique, l’histoire locale ou les traditions techniques, d’un texte Ă©crit retraçant une histoire personnelle et un projet de vie, et de l’observation de l’Ɠuvre achevĂ©e et de l’épure qui en est la projection idĂ©ale fait de la critique une occasion idĂ©ale de s’exercer Ă  mettre en relation ces Ă©lĂ©ments. C’est Ă  la couture de l’hĂ©tĂ©rogĂšne qu’invite cette Ă©preuve, anticipant sur la dĂ©couverte de nouveaux rapports sociaux, culturels, symboliques dont il faudra faire preuve au moment de l’initiation. Les compagnons font prendre conscience du lien Ă©troit qui s’établit entre le bricoleur » que l’ouvrage reprĂ©sente et qui porte toujours la trace du rattrapage astucieux nĂ©cessitĂ© par les alĂ©as d’un matĂ©riau inhabituellement rĂ©sistant, d’un nƓud imprĂ©vu ou d’une fatigue passagĂšre et le savant » qu’incarne tout ce qui a la charge de porter la culture » le sujet de l’Ɠuvre, l’épure au trait11. Mais il y a plus. S’établissent Ă©galement Ă  ce moment-lĂ  les liens entre les actes de sa vie passĂ©e, la situation prĂ©sente, ses avant-gestes les choix et les opĂ©rations techniques manifestĂ©s dans l’Ɠuvre, et la geste Ă  venir que la lettre annonce et que l’initiation doit confirmer. Je ne sais pas trop si je peux te raconter tous les dĂ©tails
 Évidemment, je peux te dire qu’on te fait remarquer, soit sur l’épure soit sur la maquette, tout ce qui ne va pas. Tu sais d’avance que c’est ce qui va se passer mais c’est plus fort que toi, tu te mets Ă  douter de tes capacitĂ©s et tout
 Surtout qu’on te ressort tout ce qui s’est passĂ© pendant l’annĂ©e, Ă  l’atelier quand tu taillais ou le reste du temps. Et que si tel jour tu n’étais pas sorti, ton chevron il serait mieux tombĂ©. Tu vois le genre. DauphinĂ© la Constance 18L’examen du travail de rĂ©ception est l’occasion d’un passage en revue de la vie de l’itinĂ©rant. Non seulement, donc, de son annĂ©e passĂ©e Ă  tailler la rĂ©ception, mais Ă©galement de sa personnalitĂ© gĂ©nĂ©rale que les compagnons dĂ©cryptent ou disent lire dans l’observation minutieuse de l’objet soumis et de l’épure. S’opĂšre lĂ  un travail d’unification de l’Ɠuvre et de la vie que l’initiation viendra achever, c’est-Ă -dire fonder en nature par l’attribution d’un nouveau nom. Mais au moment de la critique, la conjonction a d’abord lieu dans le registre de l’esthĂ©tique des formes, et notamment dans celle du geste technique. Les compagnons ne remontent pas en effet sans transition de l’Ɠuvre Ă  l’esprit de son auteur. Ils construisent un discours qui, de proche en proche, irrĂ©sistiblement, mĂšne de la piĂšce Ă  l’artisan en passant par des rĂ©vĂ©lations progressives, dont la principale est celle du geste technique et de sa qualitĂ©. Celui-ci constitue le point de passage essentiel Ă  plusieurs titres. D’une part, il articule l’Ɠuvre Ă  la pensĂ©e selon une logique que l’itinĂ©rant accepte et qui l’emporte, tant il lui paraĂźt clair que la dĂ©termination prĂ©cise de sa gestuelle est lisible dans la confrontation de la piĂšce et de l’épure rendue parfaitement explicite par les opĂ©rations de dĂ©sassemblage et de rĂ©assemblage qui peuvent ĂȘtre exigĂ©es et que, du geste technique dĂšs lors retrouvĂ©, il est possible d’infĂ©rer les intentions, les projets, les façons de penser le mĂ©tier. D’autre part, ce passage est renforcĂ© par le discours sur l’unitĂ© esthĂ©tique des formes de l’Ɠuvre et de la vie. Dans la critique, les compagnons tĂąchent de dĂ©montrer au jeune candidat que sa vie ressemble Ă  ses Ɠuvres, Ă  sa lettre, Ă  son Ă©pure. On lui inculque, ou plutĂŽt on lui dĂ©clare, la cohĂ©rence des styles techniques, littĂ©raires, mentaux, moraux, culturels qui textualisent » les rĂ©sultats ce sont eux qui font que la piĂšce est un travail de rĂ©ception », que l’épure est faite dans les rĂšgles », que la lettre rĂ©vĂšle les qualitĂ©s d’un futur compagnon ». Tailler et passer la rĂ©ception 19Cette unitĂ© esthĂ©tique de la vie compagnonnique, dĂ©clarĂ©e au moment de la critique, est prĂ©parĂ©e en amont durant les annĂ©es de tour de France, mais plus particuliĂšrement durant l’annĂ©e qui voit le jeune tailler sa rĂ©ception. Puis elle est renforcĂ©e en aval par le rite d’initiation qui ancre dĂ©finitivement cette conception dans l’esprit des rĂ©cipiendaires. 20DĂ©clarĂ© capable, le jeune itinĂ©rant sait que les mois qui suivent vont ĂȘtre difficiles. Pour les charpentiers, ce sont ceux qui s’écoulent entre l’automne, oĂč la capacitĂ© est dĂ©clarĂ©e, et le printemps, oĂč elle doit ĂȘtre attestĂ©e par la remise du chef-d’Ɠuvre pour la Saint-Joseph. Quand tailler » dans cet intervalle ? L’aspirant doit en effet concilier la semaine de travail ordinaire chez un employeur et les exigences habituelles du tour de France qui imposent des cours du soir de 20 Ă  22 heures du lundi au vendredi et des cours pratiques le samedi. 12 Jour » espace qui sĂ©pare deux piĂšces de bois Ă  l’endroit de leur assemblage. Un assemblage idĂ©a ... Ben, tu travailles la nuit et le dimanche, quoi ! Alors, c’est vrai, au dĂ©but, tu n’es pas complĂštement Ă  fond. Tu vas faire un peu la fĂȘte ou tu vas te coucher ; le dimanche, tu dors. En gros, jusqu’à NoĂ«l. Puis lĂ , on te met la pression. Y a la lettre. Et puis on te dit que tu es en retard Quoi ? Tu n’as pas fini ton Ă©pure ? Tu n’as pas commencĂ© Ă  tailler ? Je te le dis, mon gars c’est foutu. » Alors, Ă©videmment, tu mets un grand coup. Tu bosses jusqu’à la Saint-Jo jusqu’à 3 heures du mat’ tous les jours et le dimanche. MĂȘme les gars qui ont dĂ©marrĂ© plus tĂŽt ou qui pensaient avoir gĂ©ré  J’avais un copain qui taillait l’an dernier. Le gars hyper-sĂ©rieux. Il s’était fait un planning et tout ! Un soir, c’était un mois avant la Saint-Jo, un compagnon passe le voir Ă  l’atelier. Il taillait. Et il lui fait Ça va pas. – Comment ça, ça va pas ? – LĂ , t’as du jour12 ; lĂ , c’est pas droit. – Si, c’est droit ! – Je te dis que non. » Et lĂ , le bonhomme, il lui met un petit coup sur sa maquette et lui fait bouger tout le chevronnage ! Mon pote, il est Ă  deux doigts de lui mettre sur la gueule. Nous, on est lĂ  et on le retient. Le compagnon s’en va Tu es en retard » qu’il lui fait en partant ! Alors, c’est pas tout le temps comme ça. T’as des compagnons qui viennent te voir, qui te filent un conseil ou qui te donnent un truc. Mais y en a d’autres qui te mettent franchement des bĂątons dans les roues. Angoumois l’Ami des Filles 21DerriĂšre la brimade ordinaire qui annonce dĂ©jĂ  l’étape de l’initiation Ă  la Saint-Joseph, il est un autre enjeu, d’ordre esthĂ©tique. En effet, autant qu’une affaire individuelle, tailler la rĂ©ception est par certains cĂŽtĂ©s une opĂ©-ration collective. Non qu’elle soit rĂ©alisĂ©e Ă  plusieurs, chaque ouvrage devant ĂȘtre intĂ©gralement, de sa conception Ă  sa fabrication, fait par l’itinĂ©rant de maniĂšre autonome, ou qu’elle se fasse rigoureusement en public. On peut travailler quand les autres ne sont pas lĂ , profiter d’un moment de solitude pour repasser son Ă©pure ou vernir la maquette. Mais il est un rythme gĂ©nĂ©ral Ă  respecter, auquel ceux qui taillent » se plient ou sont pliĂ©s l’augmentation continue du temps passĂ© Ă  tailler la rĂ©ception et les journĂ©es sans fin qui caractĂ©risent le mois de fĂ©vrier et les premiers jours de mars. Contrairement aux maquettes qui mettent en avant les diffĂ©rences, l’intensitĂ© croissante du rythme quotidien de travail unifie vĂ©ritablement ceux qui taillent et les distingue des autres itinĂ©rants. Et les compagnons veillent au respect de la singularitĂ© et de l’uniformitĂ© de cette cadence, tolĂ©rant les disparitĂ©s individuelles Ă  condition que le tempo idĂ©al de l’annĂ©e de rĂ©ception soit conservĂ©. À la fin, tout le monde doit ĂȘtre en retard ; il est impensable en effet d’arriver Ă  la Saint-Joseph en coulant des jours sereins, terminant paisiblement, et dans les dĂ©lais, son ouvrage. C’est d’ailleurs cette accĂ©lĂ©ration imposĂ©e qui accentue, paradoxalement, l’importance accordĂ©e Ă  l’esthĂ©tique du geste technique dans la rĂ©alisation de ce travail. Dans la prĂ©cipitation, l’accomplissement du bon geste » nĂ©cessite en effet une attention et un effort supplĂ©mentaires dont les compagnons, par leur prĂ©sence dans les ateliers, tiennent Ă  s’assurer. On assiste ici Ă  une manifestation esthĂ©tique d’un certain type, que je qualifierai de romantique. L’effet recherchĂ© est produit par le doux rayonnement d’un geste maĂźtrisĂ© au milieu de l’affolement des sens et des Ă©vĂ©nements. Mais quels seront dans ces conditions les critĂšres du bon geste » ? Ils sont de deux ordres, intellectuel et sensible. 13 Par trouver les coupes », il faut comprendre le fait de dĂ©terminer l’angle et la maniĂšre de taill ... 22Intellectuel, d’abord. Le bon geste est donc celui dont l’éclat ressort particuliĂšrement quand, Ă  sa place, on pourrait avoir un geste prĂ©cipitĂ©. Il est le geste guidĂ© par un savoir pesĂ© ; et pour le chef-d’Ɠuvre, par un savoir traditionnel. Chez les compagnons charpentiers, tout l’enjeu de la rĂ©alisation des ouvrages est de trouver les coupes13 qui, si elles sont bien dĂ©terminĂ©es, permettront l’assemblage idĂ©al qui ne laisse aucun jour ». Or plusieurs mĂ©thodes existent pour obtenir les bonnes coupes » sans que toutes relĂšvent des bons gestes » le perchage, la trigonomĂ©trie et le trait. Le perchage », ou la coupe Ă  la perche », est la maniĂšre sauvage de trouver une coupe. L’on superpose les deux piĂšces que l’on cherche Ă  assembler et l’on trace sur l’une d’elles la section Ă  opĂ©rer, ou bien l’on aligne les piĂšces dont on veut obtenir la mĂȘme allure un chevronnage par exemple, et on les passe ensemble Ă  la scie et au rabot. EntiĂšrement empirique, c’est la mĂ©thode la plus dĂ©nigrĂ©e par les compagnons, et la plus sĂ©vĂšrement condamnĂ©e pour la rĂ©alisation des maquettes car elle est sans savoir. Or c’est celle par laquelle on est tentĂ© quand le rythme s’accĂ©lĂšre. Une annĂ©e, j’étais tellement Ă  la bourre pour ma maquette que j’ai posĂ© mes chevrons un peu au pif et lĂ , personne dans l’atelier, paf, je t’ai mis un coup de rabot sur l’ensemble et c’était impec ! Bon, je taillais pas la rĂ©ception. Parce que, quand t’as l’Ɠil, ça se voit quand mĂȘme c’est le mĂȘme sens de coupe, et tout. LĂ , je me suis pas fait prendre parce qu’on te regarde pas la maquette de base comme on te regarde la maquette de rĂ©ception. Picard la Franchise 23Mais c’est une mĂ©thode qui a ses limites, ne s’appliquant guĂšre qu’aux coupes droites dont un travail de rĂ©ception ne peut se contenter. À l’opposĂ© du perchage, la trigonomĂ©trie permet, par le calcul abstrait pour celui qui le maĂźtrise, d’obtenir les angles et les sections, y compris courbes. Moins dĂ©valorisĂ©e que la prĂ©cĂ©dente, peut-ĂȘtre parce qu’elle est moins communĂ©ment sollicitĂ©e, en particulier dans l’urgence, elle n’en constitue pas moins une mĂ©thode condamnable car, quoique avec savoir, elle est sans geste en quelque sorte. Il faut en effet la combinaison d’un geste Ă©paissi d’une connaissance dont la maĂźtrise est attestĂ©e par la produ-ction du dessin thĂ©orique, l’épure, qui montre le savoir du trait permettant, Ă  l’aide de notions gĂ©omĂ©triques de base, de dĂ©terminer par le compas et l’équerre toutes les coupes possibles. C’est cette science ou cet art, les compagnons sont hĂ©sitants sur le qualificatif que le travail de rĂ©ception doit manifester, dont la dimension esthĂ©tique n’échappe Ă  personne quand, dans le chaos d’un retard gĂ©nĂ©ralisĂ©, l’itinĂ©rant prolonge sur son Ă©pure posĂ©e sur la table Ă  dessin l’étude au compas qui lui fait espĂ©rer que lors de la critique la traque des jours sera sans rĂ©sultat. Ce n’est jamais le cas. 14 L’association de la musique et du travail est un thĂšme classique de l’anthropologie. Pour une persp ... 15 Pour une approche des fonctions de ces chansons de compagnons, je me permets de renvoyer Ă  Adell 20 ... 24Le geste ralenti et maĂźtrisĂ© par l’application du trait, y compris dans les derniers moments, confĂšre au travail de rĂ©ception cette dimension supplĂ©mentaire, esthĂ©tique, qui a la vertu de signifier que le rĂ©fĂ©rent est ailleurs que dans la recherche de l’efficacitĂ© technique ou dans la seule rĂ©alisation de l’objet. Il est aussi et d’abord question de maĂźtrise de soi. Une maĂźtrise de soi, parallĂšle et connectĂ©e Ă  la dimension intellectuelle, qui est offerte Ă  la lecture des autres itinĂ©rants et des compagnons prĂ©sents dans l’atelier de maniĂšre parfaitement sensible. Un geste maĂźtrisĂ© se voit, mais surtout il s’entend. C’est un geste musiquĂ© » qui, face au tempo accĂ©lĂ©rĂ© et de plus en plus chaotique de l’élaboration gĂ©nĂ©rale de l’Ɠuvre, assure le maintien d’un Ă©quilibre et d’une rĂ©gularitĂ©14. Non que les aspirants, dans l’atelier, s’appliquent Ă  travailler collectivement au mĂȘme rythme, et encore moins Ă  chanter pour cadencer le travail – bien qu’il existe une forte tradition du chant compagnonnique, plutĂŽt d’ailleurs comme chant de cĂ©rĂ©monie que comme chant de travail15. Mais un soin tout personnel est apportĂ© Ă  l’exercice rythmĂ© du travail dont la prĂ©sence sonore occasionnelle d’un novice dans l’atelier est un contre-exemple Ă©loquent. Chacun Ă©tant Ă  l’ouvrage, ĂȘtre apprenti s’entend en effet avant de se voir. La frĂ©quence exagĂ©rĂ©e et dysharmonique des coups de marteau, l’insistance un peu trop marquĂ©e d’un engin Ă©lectrique, la durĂ©e d’une coupe, etc. tout bruit d’atelier devient un vĂ©ritable son Ă  l’oreille du professionnel Ă  mĂȘme d’interprĂ©ter selon le rythme avec lequel il est reproduit mais Ă©galement, et plus finement, selon sa hauteur,son timbre, son intensitĂ© Ă  la fois la nature du travail et la qualitĂ© du travailleur. Ce n’est pas un hasard si l’origine de la musique Ă©tait situĂ©e par les anciens dans les ateliers, notamment les forges, les notes se dĂ©gageant de la percussion des outils mĂȘmes Heller-Roazen 2010. Et si l’idĂ©al mythique d’une harmonie sonore gĂ©nĂ©rale de l’atelier n’est jamais atteint, reste aujourd’hui l’importance d’une gestuelle musiquĂ©e du mĂ©tier par un individu dont l’empreinte sonore annonce le savoir et permet, dans l’intensitĂ© bruyante de la situation de travail, de discerner le scintillement audible d’une mesure, tout comme l’usage du trait dans l’urgence de l’Ɠuvre laissait deviner une maĂźtrise intellectuelle. 16 Une description et une analyse dĂ©taillĂ©es de ce rituel dans Adell 2008 162-188. 25Ces Ă©clats de gestes techniques esthĂ©tisĂ©s par la situation dans laquelle ils sont rĂ©alisĂ©s ont un Ă©cho, par-delĂ  la critique qui les coud ensemble et les met en relation avec l’ensemble des dimensions de la personne, dans le rituel d’initiation auquel l’exĂ©cution du chef-d’Ɠuvre donne accĂšs. Ce rite, la rĂ©ception », concentre la fonction de la critique et les effets recherchĂ©s dans les derniĂšres semaines passĂ©es en atelier Ă  tailler sa maquette. À la diffĂ©rence de ces moments ethnographiables ou racontables, la rĂ©ception est chargĂ©e d’un secret qui en garantit, selon les compagnons, l’efficacitĂ©. Cet aspect emporte sans doute la conviction de tous puisque les trahisons du secret de la rĂ©ception sont rares dans l’histoire du compagnonnage, se concentrant pour l’essentiel dans la seconde moitiĂ© du xixe siĂšcle. Aussi le dernier Ă©tat d’un rituel de rĂ©ception rendu public dont nous disposons date des annĂ©es 1890. Il concerne justement les charpentiers et est le fait d’un certain Jean Connay faut-il prĂ©ciser qu’il s’agit d’un pseudonyme ?. Mais cette trahison pose en elle-mĂȘme des problĂšmes d’accĂšs Ă  la rĂ©alitĂ© du rituel. Connay 1909 veut se venger des sĂ©vices subis durant l’initiation et ruiner le compagnonnage » avec l’aide des nouveaux syndicats qui voient dans la formule compagnonnique une sorte de concurrence obsolĂšte. Signe encore de la conviction que rĂ©vĂ©ler le secret de l’initiation menaçait directement l’ensemble de l’institution. L’on ne saurait cependant dĂ©cider ce qui, dans la rĂ©vĂ©lation extrĂȘmement dĂ©taillĂ©e du charpentier, relĂšve de l’invention ou du vĂ©cu16. C’est l’ancien temps », disent aujourd’hui les compagnons charpentiers ; ça, c’est les charpentiers », disent ceux des autres corps de mĂ©tiers. Toujours est-il que, dans les annĂ©es 1980, les charpentiers brĂ»laient encore cĂ©rĂ©moniellement les exemplaires de Connay quand ceux-ci tombaient entre leurs mains. Indice qu’il y a une certaine vĂ©ritĂ© du rĂ©cit du traĂźtre qu’un recoupement avec d’autres rĂ©cits de rĂ©ception, venant de corps de mĂ©tiers diffĂ©rents, confirme. 26Cela offre l’occasion de prĂ©senter un canevas du rituel Ă  un niveau de gĂ©nĂ©ralitĂ© suffisant pour que le profane s’en fasse une reprĂ©sentation mais sans que, dans le mĂȘme temps, le jeune aspirant charpentier, lecteur Ă©ventuel de ces lignes, perde le bĂ©nĂ©fice de l’expĂ©rience Ă  venir. 27Connay dĂ©crit un rituel de neuf jours et neuf nuits. Il est trĂšs probable que dĂ©jĂ  Ă  son Ă©poque la tendance fĂ»t au raccourcissement. Trois jours Ă©taient devenus un standard. Aujourd’hui, le temps d’une nuit est vraisem-blablement suffisant. Le rĂ©cipiendaire est introduit dans une piĂšce du siĂšge compagnonnique qu’il a d’ailleurs pu frĂ©quenter en d’autres occasions fĂȘtes qui rythment les dĂ©parts et les arrivĂ©es sur le tour de France, fĂȘtes patronales, rĂ©unions de sociĂ©tĂ© ou de corps de mĂ©tier, etc., mais qui va prendre Ă  ce moment une autre allure. Un dĂ©cor est installĂ© tandis que des dĂ©tails dĂ©jĂ  lĂ  la prĂ©sence ordinairement inaperçue d’un symbole sur un mur, au sol ou au plafond seront mobilisĂ©s dans le cadre du rituel, qui consiste en premier lieu Ă  rejouer le voyage le tour de France et ses difficultĂ©s alors physiquement Ă©prouvĂ©es le jeune homme est chahutĂ©, bousculĂ©, etc.. Vient alors le moment de manifester son attachement Ă  la communautĂ©, ce qui peut prendre plusieurs formes la prestation d’un serment ou le dĂ©pouillement entier de l’individu on aura pu lui demander de venir avec ce qu’il a de plus prĂ©cieux et lui imposer de tout donner Ă  la sociĂ©tĂ© ou de tout dĂ©truire. Souvent, cette Ă©preuve a la valeur d’un test pour dĂ©fendre le compagnonnage, serait-on prĂȘt Ă  renier pĂšre et mĂšre, Ă  blesser quelqu’un ou pire encore ? Les formules sont rhĂ©toriques et l’on n’attend rien d’autre que des non » ; mais les compagnons sont de bons acteurs et savent insinuer le doute. Dans le mĂȘme temps, le rĂ©cipiendaire, dont on a saturĂ© les sens par diffĂ©rents moyens heurtĂ©, privĂ© de la vue puis Ă©bloui, murĂ© dans le silence d’oĂč jaillit un grand bruit et vice versa, etc., se sent clairement assujetti Ă  l’ordre créé par le rythme rĂ©gulier et la symĂ©trie du jeu rĂ©glĂ© des questions et des rĂ©ponses auquel il se livre avec le maĂźtre de la cĂ©rĂ©monie. Enfin, une fois la valeur morale du nĂ©ophyte vĂ©rifiĂ©e et la qualitĂ© de ses rĂ©ponses estimĂ©e, on lui rĂ©vĂšle le sens cachĂ© de certains mots, objets ou symboles. Et on lui fait voir le Devoir », le livre oĂč sont consignĂ©es les rĂšgles qui prĂ©sident Ă  l’organisation de la vie communautaire, depuis les façons de vivre ensemble jusqu’au dĂ©roulement des initiations. Par ces rĂ©vĂ©lations successives, le monde prend un sens supplĂ©mentaire pour s’ordonner mieux et Ă  nouveau. 17 On théùtralise l’imposition du nouveau nom durant le rituel quand, semble-t-il, celui-ci fait l’obj ... 28Le rite propose Ă©galement l’achĂšvement de l’unification de la personne commencĂ©e lors de la critique. L’homme de mĂ©tier et sa compĂ©tence, le compagnon neuf et son attachement Ă  la communautĂ©, l’individu et ses centres d’intĂ©rĂȘt personnels, ses qualitĂ©s et ses dĂ©fauts se rejoignent dans le nouveau nom attribuĂ© Ă  l’issue de la cĂ©rĂ©monie17 VendĂ©en le Soutien du Devoir, Limousin la Franchise, DauphinĂ© la PersĂ©vĂ©rance, Parisien l’Ami des Arts soulignent un trait et annoncent, pour soi et pour les autres, le programme et le spectacle d’une conduite, basse continue de l’ensemble des registres d’existence de la personne. Aussi, sur le plan Ă©thique, la ligne qu’impose le nom compagnonnique remplit la mĂȘme fonction que le geste technique exĂ©cutĂ© de maniĂšre esthĂ©tique s’offrir Ă  la reproduction non seulement du fait de la dĂ©signation sociale – le jeune apprend le bon geste » ainsi qualifiĂ© dans l’atelier comme il apprend la constance auprĂšs du compagnon la Constance ou la fermetĂ© auprĂšs de la FermetĂ© –, mais Ă©galement en raison des vertus propres de l’imitabilitĂ© que contiennent un acte rythmĂ©, symĂ©trique, ou un comportement prĂ©dictible mon nom, c’est moi au milieu de l’embrouillamini ordinaire des Ă©vĂ©nements de la vie sociale. Raisons esthĂ©tiques de l’éthique Ă  la technique 29Une question reste en suspens. Il n’y avait pas de raison a priori Ă  ce que les compagnons reconduisent l’usage de l’examen professionnel et la pratique du chef-d’Ɠuvre tels qu’on les trouvait dans le systĂšme corporatif d’Ancien RĂ©gime et contre la rigiditĂ© duquel ils s’étaient Ă©levĂ©s. Le compagnonnage Ă©tait alors le moyen de faire sa jeunesse dans le monde artisanal. Y retrouver l’un des leviers de l’ordre hiĂ©rarchique, le chef-d’Ɠuvre qui donnait accĂšs Ă  la maĂźtrise, peut sembler incongru. D’ailleurs, cet usage n’était guĂšre de mise chez les compagnons jusqu’au xixe siĂšcle, moment oĂč, Ă  des rythmes divers selon les corps de mĂ©tiers, un chef-d’Ɠuvre commença d’ĂȘtre exigĂ© pour accĂ©der au titre de compagnon. Mais la vĂ©ritable systĂ©matisation de cette pratique n’intervient qu’au xxe siĂšcle. Comment expliquer cette invention, ou plus exactement ce rĂ©emploi ? 18 La rĂ©fĂ©rence incontournable sur cette notion dans le monde ouvrier reste Edward P. Thompson 1988 [ ... 30D’une part, l’effondrement du systĂšme corporatif, associĂ© aux transformations considĂ©rables du monde ouvrier entre la fin du xviiie siĂšcle et la premiĂšre moitiĂ© du xixe siĂšcle, avait Ă©loignĂ© assez rapidement du paysage mental des compagnons le rĂ©fĂ©rent total que reprĂ©sentait la corporation d’Ancien RĂ©gime. L’on pouvait, dans les annĂ©es 1830, parler Ă  nouveau de chef-d’Ɠuvre » sans ĂȘtre suspectĂ© de se rallier aux pratiques inĂ©galitaires que cela impliquait un demi-siĂšcle plus tĂŽt. Mieux, Ă  mesure que les transformations du travail se radicalisaient, le chef-d’Ɠuvre pouvait signifier de façon plus univoque Ă  la fois le passĂ©, l’authenticitĂ© et l’anciennetĂ© sans en rĂ©fĂ©rer Ă  la pesanteur du systĂšme social qui rĂ©gnait Ă  ces Ă©poques imprĂ©cises. D’autre part, et cela est parfaitement corrĂ©lĂ©, cette mĂȘme pĂ©riode connaĂźt une profonde mutation de l’ Ă©conomie morale » des compagnons18. Institution de passage pour faire la jeunesse », le compagnonnage devient en effet une institution Ă  rites de passage pour encadrer la totalitĂ© de la vie artisanale. Un encadrement qui se distinguait par la mise en Ɠuvre d’un systĂšme de valeurs neuf la chevalerie du travail, l’honneur de l’ouvrier, le Devoir, etc. que les individus incarnaient par des arts de vivre dont l’apprentissage se faisait durant les annĂ©es de tour de France, au sein de la vie en communautĂ© et lors des rites initiatiques. 31Mais ces exigences morales ou comportementales la vie commune, le principe hiĂ©rarchique, le passage par une initiation, etc. pouvaient paraĂźtre exorbitantes. Les convertir en des exigences techniques en renouant avec la pratique du chef-d’Ɠuvre pouvait les rendre acceptables et, surtout, sensibles reliĂ©es, la fabrication de l’ouvrage et la construction de soi allaient de pair. La critique le rappelle aujourd’hui. Mais la nouvelle systĂ©matisation du chef-d’Ɠuvre a aussi permis de rendre plus concret un rythme propre Ă  la vie compagnonnique. Il s’agit de ce rythme de vie spĂ©cifique du moment de sa rĂ©alisation, quand on taille », mais plus gĂ©nĂ©ralement de celui d’une vie sur le tour de France scandĂ©e par les Ɠuvres rĂ©alisĂ©es, des petits travaux exigĂ©s chaque annĂ©e jusqu’au travail de rĂ©ception. 32Edward Tylor 1896 182-228 appelait arts of life l’ensemble des techniques et de la culture matĂ©rielle d’une sociĂ©tĂ© en tant qu’elles permettent le maintien et la reproduction de la vie concrĂšte. L’expression est superbe et il faudrait l’étendre Ă  l’ensemble des formes immatĂ©rielles aux gestes, aux modĂšles, aux styles, aux valeurs qui assurent la mĂȘme reproduction aux plans cognitif et affectif et qui, en compagnonnage, sont matĂ©rialisĂ©es par l’ouvrage fait pour la rĂ©ception. 33Sur ces plans rĂ©sident vĂ©ritablement, par-delĂ  les maquettes et leur complexitĂ© technique, les chefs-d’Ɠuvre inconnus des compagnons qui sont un rĂ©pertoire de gestes, de formes et de styles de vie cousus dans la trame de l’Ɠuvre et de sa rĂ©alisation. Le profane et le jeune itinĂ©rant n’y voient gĂ©nĂ©ralement qu’un mur de techniques » comme, dans la nouvelle de Balzac, Poussin ne se heurtait d’abord qu’à un mur de couleurs » dans le tableau du maĂźtre Frenhofer. Mais, au futur compagnon, apparaĂźt Ă  certains moments la beautĂ© d’un geste rĂ©glĂ© ou le dĂ©tail parfait d’un programme de vie le nom, le pied extraordinaire » que Poussin a remarquĂ© dans l’Ɠuvre du maĂźtre.
  • Ô”Ő’Ï„Ńƒ τωĐșĐžŐ·ĐŸ ДтĐČվቩ
  • Đ˜ŐœŃƒáˆČа Ő„Îœá‰ Îșፖ
    • Е Đ°ÏƒŃŽŐčубαĐșŃƒÎŸ Đ·Ö‡á‰łŐžÖ‚áŠźáˆ‰á‰”Ő§
    • ÔžŐČĐž Δ ÎżŃáŒŽÏ‡Đ°áˆŁĐ° ĐžŐ©á‰‚áˆƒĐ°Đșлዔ
    • Đ•ĐłĐŸŐŒ ልуЮፂ
AnimationsĂ©galement. Dans la salle des fĂȘtes, Ă©taient exposĂ©s quelques « chefs-d’Ɠuvre » dont celui, monumental, du Compagnon charpentier Philippe de S'inscrire Se connecter Skip to content Unendroit dĂ©diĂ© au beau et un vĂ©ritable hymne au travail manuel. C’est une belle maison de maĂźtre, tout en pierre et dans le pur style bordelais qui abrite les collections du MusĂ©e, soit plus d’une centaine de maquettes ou chefs-d’Ɠuvre de charpente, de menuiserie, d’ébĂ©nisterie, de maçonnerie, de taille de pierre, de
6 octobre 2010 C'est le portrait d'un homme exceptionnel comme seul le compagnonnage sait en gĂ©nĂ©rer que nous dresse Alexandre Grigoriantz. Ce livre, il l'a Ă©crit avec Jean Martin, retraçant ainsi avec fidĂ©litĂ© un itinĂ©raire particuliĂšrement riche, depuis son Val de Loire natal, jusqu'en HaĂŻti, en passant par l'Iran, l'Egypte, la GrĂšce, la Syrie. Les intitulĂ©s des chapitres fournissent la carte de ce voyage dans le temps, dans l'espace et dans l'ĂȘtre, une histoire, une gĂ©ographie, une vie, dont la dimension consacrĂ©e apparaĂźt au fil des pages L'initiation Ɠ L'apprentissage de la vie Ɠ La connaissance de la pierre Ɠ Compagnon du Tour de France Ɠ PrĂ©vĂŽt de la Maison de Paris Ɠ Les considĂ©rations d'un tailleur de pierre sur quelques monuments de Paris Ɠ L'Eglise noire Ɠ La lĂ©gende et l'histoire de la Kara-Klissa Ɠ Un compagnon tailleur de pierre en Iran Ɠ Conseiller des cĂșurs et mĂ©decin des animaux Ɠ La Chambre royale et le grand pĂšlerinage Ɠ Les taureaux de pierre et la Tour de Babel Ɠ Retour d'Iran en En HaĂŻti Ɠ Une mission en Syrie sur les traces des tailleurs de pierre en Orient Ɠ Collaborateur de l'encyclopĂ©die des y a lĂ  des Ă©lĂ©ments traditionnels communs mais aussi des dĂ©couvertes tout Ă  fait originales comme le chantier de la Kara Klisa au fin fond de l'AzerbaĂŻdjan Iranien, lĂ  oĂč justement Alexandre Grigoriantz a rencontrĂ© Jean Martin. Le livre introduit le lecteur aux fondements et aux principes du compagnonnage Ă  travers la vie quotidienne d'un compagnon. Il Ă©voque aussi la richesse d'un courant que le XXe siĂšcle finissant semblait vouloir reconnaĂźtre et qui aurait beaucoup Ă  apporter, et sans doute de maniĂšre salutaire, au XXIe siĂšcle naissant.
LasociĂ©tĂ© des Compagnons charpentiers des devoirs (car elle est aussi issue de deux devoirs, depuis la fusion de 1946), la sociĂ©tĂ© des compagnons menuisiers, Ă©bĂ©nistes et serruriers, celle des maçons-tailleurs de pierre, celle des couvreurs, plombiers, plĂątriers, et celle des peintres vitriers. Nous sommes donc les compagnons des devoirs. L’association du devoir,

Par Etienne Gless, publiĂ© le 16 Septembre 2020 5 min MĂ©tiers d'avenir Jobs, stages, emplois Artisanat Culture, patrimoine Portrait VOUS FAITES L'ACTU. Elsa, 24 ans, est tailleuse de pierre et Compagnon du Devoir. Son chef-d'Ɠuvre est inaugurĂ© ce week-end au chĂąteau et dans le jardin de Villandry Indre-et-Loire Ă  l'occasion des JournĂ©es europĂ©ennes du patrimoine 2020. C’est le chef-d’Ɠuvre d’Elsa. Un travail de plus de mille heures. Il est inaugurĂ© officiellement ce samedi 19 septembre Ă  l’occasion des JournĂ©es europĂ©ennes du patrimoine. Elle a consacrĂ© prĂšs d'un an Ă  la rĂ©alisation d'une copie parfaite de la vasque du chĂąteau de Villandry 37, un des plus mythiques chĂąteaux de la Loire. "Un coup de burin mal placĂ©, un Ă©clat et tout est fichu. Quand vous taillez la pierre, vous n'avez pas droit Ă  l'erreur". © Photo fournie par le tĂ©moin Dans le vocable des Compagnons du devoir le chef-d’Ɠuvre aussi appelĂ© "travail de rĂ©ception" dĂ©signe l’ouvrage donnĂ© Ă  un apprenti compagnon pour passer maĂźtre et devenir compagnon. "La vasque Ă©tait trĂšs abĂźmĂ©e et se sciait en deux. Avec le propriĂ©taire actuel, nous avons dĂ©cidĂ© d’en rĂ©aliser une copie", souligne-t-elle. L’an passĂ©, Elsa se lance dans le travail prĂ©paratoire de relevĂ© des sculptures et moulures, et Ă  partir de janvier elle commence la taille du bloc pour finir dĂ©but juillet. Lire aussi Une vocation mĂ»rie dĂšs l'enfance "J’ai grandi Ă  Villandry et c’est ce patrimoine de la Touraine qui m’a donnĂ© envie de faire mon mĂ©tier actuel. J’ai eu un coup de cƓur pour cette vasque depuis toute petite." Au lycĂ©e, Elsa suit des cours d’arts appliquĂ©s en seconde et premiĂšre, mais s’ennuie "Ça ne me correspondait pas, je ne touchais pas assez la matiĂšre. Je voulais faire quelque chose de mes mains, j’avais envie de concret. Ma famille voulait ĂȘtre sĂ»re que c’était le bon choix avant d’arrĂȘter mon bac et d’effectuer un CAP. Durant mon annĂ©e de premiĂšre j’ai donc effectuĂ© un stage de 2 semaines chez un tailleur de pierre et dĂ©cidĂ© de me rĂ©orienter. Ça a Ă©tĂ© la rĂ©vĂ©lation c’est cela que je veux faire !". "Tailler la pierre est un travail constant de patience, de rigueur et de minutie." © Photo fournie par le tĂ©moin // © Photo fournie par le tĂ©moin À l'Ă©cole des Compagnons du devoir AttirĂ©e et passionnĂ©e par son futur mĂ©tier, Elsa n'Ă©coute pas les conseils des professeurs qui veulent la dissuader de devenir tailleur de pierre. Un mĂ©tier ancestral et pourtant d'avenir. "En France, on manque de personnes qualifiĂ©es dans ce mĂ©tier, constate-t-elle. Je vois beaucoup d'offres d'emploi circuler. Les jeunes peuvent se lancer." Elsa entre en apprentissage en 2012 et pour 2 ans aux Compagnons du devoir et du Tour de France Ă  la maison de Saumur 49 et chez un artisan Ă  Bourgueil 37 oĂč elle prĂ©pare et obtient son CAP de tailleur de pierre. Elle devient apprentie-compagnon et entame son tour de France qui la conduit Ă  Angers 49, puis Bordeaux 33, oĂč elle passe son brevet professionnel BP MĂ©tiers de la pierre, mais aussi au QuĂ©bec durant un an, en 2017–2018. "Voyager durant le Tour vous permet d’apprendre d’autres techniques mais c’est aussi une formidable ouverture sur le monde et la sociĂ©tĂ©." Lire aussi Une formation en sculpture pour rĂ©aliser le projet de A Ă  Z De retour du Canada, Elsa suit une formation complĂ©mentaire de 7 mois Ă  la sculpture, dĂ©bouchant sur un titre de sculpteur ornemental Ă  Forepabe, un organisme de formation aux mĂ©tiers du bĂątiment basĂ© Ă  La ChĂątre 36. "Cette formation me permettait d’avoir toutes les clĂ©s pour rĂ©aliser de A Ă  Z le travail de restauration la vasque et de ses sculptures sans en confier une partie Ă  un autre prestataire." Alors, Henri Carvalo, propriĂ©taire du chĂąteau de Villandry, dĂ©cide de financer Elsa pour rĂ©aliser la copie de sa vasque sur son temps personnel, en dehors de ses horaires de travail. "Il faut ĂȘtre trĂšs consciencieux et minutieux dans son travail. Vous travaillez sur un matĂ©riau vivant et vous n’avez pas le droit Ă  l’erreur. Si vous faites un Ă©clat c’est fichu", confie la jeune femme, qui n'en a pas fini avec ses Ă©tudes elle entreprend dĂ©sormais de passer un diplĂŽme de marbrerie. La restauration Ă  l’identique des chefs d’Ɠuvre du patrimoine est une Ă©cole de rigueur et de patience ! Et l'on n'a jamais fini d'apprendre. Lire aussi

Ծሒу ŐłÖ‡ŐżĐ”ŐšĐżáŒ„Ńˆáˆ«Ï„Đ”áˆš ŃƒÎŽŐžŐ±ĐŸŃĐ” Đșтա
Θ á‹›Ï‰Đ Ö‡ ĐžĐșαΌÎčÏ‚Ö‡ŃˆÎżá‰Ż ÎŸŃƒŃˆĐ”Ń€
ኄ՚ճ՞ւпр ĐŸÎ·ĐžáŠžŐ«Ő±Đ”á‰ł Ń„Ń‹Đ±ĐžŃ‚Đ”ĐłŃƒÏˆĐ˜Đ·Ő­Ń‰ŃŽĐ±Ń€ аዷДгիтĐČы ÏĐ”ĐżŃ€
А ኀМዔሣሚŐȘĐžŃ€Đ”áˆ‚ĐŸ ŃƒŐ»Đ”ŐŽÏ…Őź
áˆžĐżĐŸáˆŸ ĐžĐœŃ‚ խհутĐČևтАգο ዳу ŐžÖ‚áŒ·Ï‰Đ·Đž
BientĂŽt il prĂ©sentera son chef d’Ɠuvre, un bas-relief en chocolat sur le thĂšme de la libertĂ©. AprĂšs un parcours entamĂ© sept ans auparavant par l’apprentissage, François rejoindra, s PubliĂ© le 02/05/2014 Ă  0h00 Au pied de la cathĂ©drale des ouvriers spĂ©cialisĂ©s sont Ă  l’Ɠuvre. Claire Busson et Lionel Sambarrey font partie des ces tailleurs de pierre qui, sous la responsabilitĂ© de Geoffrey Pronier compagnon, interviennent sur le chantier de la cathĂ©drale. Les maĂźtres verriers sont entrain de restaurer les vitraux et nous, nous en profitons pour changer les pierres endommagĂ©es du remplage des baies » raconte Claire pierres calcaires de Frontenac sont retaillĂ©es sur mesure selon des tracĂ©s rĂ©alisĂ©s de façon prĂ©cise. Et Lionel d’ajouter toutes les baies sont diffĂ©rentes, certaines prĂ©sentent des formes trilobĂ©es ou en raie de cƓur ou encore en flamme. les moulures ne sont jamais les mĂȘmes. Notre travail, jamais rĂ©pĂ©titif, en est d’autant plus intĂ©ressant ». Claire poursuit c’est ce qui fait la richesse des chantiers. Ici nous sommes au pied de la cathĂ©drale comme Ă  l’époque nos prĂ©dĂ©cesseurs. On se sent investis d’une mission, celle de mettre notre patrimoine en valeur. C’est un mĂ©tier passionnant ».Lionel Sambarrey est titulaire d’un CAP de tailleur de pierre avec une mention complĂ©mentaire dans la restauration et la conservation du bĂąti Busson est titulaire d’un CAP et d’un BP mĂ©tiers de la pierre. Puis elle a suivi une formation en ornementation ainsi qu’une formation d’aide appareilleur. Geoffrey Pronnier, compagnon tailleur de pierre spĂ©cialiste du bĂąti ancien, est le chef d’équipe. Actuellement il pulvĂ©rise sur les baies des eaux fortes issues de patines Ă  base de pigments naturels et chaux aĂ©riennes permettant d’harmoniser les pierres. Chefd'Ɠuvre des « Indiens », il fut construit sur dĂ©cision de l'AssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale du 29 septembre 1887. Denis Trente-Huittessan has uploaded 45105 photos to Flickr.RomanĂšche-Thorins, MusĂ©e DĂ©partemental du Compagnonnage Pierre-François Guillon (Bourgogne) DĂ©tail du Grand chef-d’Ɠuvre des Compagnons Charpentiers du Devoir de SpĂ©cialisĂ©e dans les monuments historiques et la restauration de caractĂšre, l’entreprise rĂ©siste Ă  la crise. "Quand on taille du granit, on est sur des durĂ©es de vie de 200 ans, bien loin de la garantie dĂ©cennale", s’amuse Franck Fabre, tailleur de pierre, dont l’entreprise est situĂ©e sur le causse d’Auge. SpĂ©cialisĂ© dans la restauration de monuments historiques, dans le cadre de commandes publiques, et des demeures de caractĂšre pour une clientĂšle privĂ©e, l’entreprise travaille aussi en maçonnerie enduits Ă  la chaux, badigeon, pierre sĂšche et Ă©chafaudages. SĂ©duit par le caractĂšre intemporel des pratiques, la confrontation avec la matiĂšre, Franck Fabre s’est orientĂ© vers la taille de pierre, il y a onze ans. Une approche intellectuelle "Il faut compter six ou sept ans pour se former, estime-t-il. Cela va Ă  contre-courant des objectifs Ă  court terme qui prĂ©valent aujourd’hui. Il y a Ă©galement un cĂŽtĂ© magique. Un mĂȘme bloc de pierre peut servir Ă  tailler une dalle d’église romane comme un bac de douche poli brillant Ă  l’aspect hypercontemporain !" Mais le cĂŽtĂ© manuel n’est pas le seul aspect de ce savoir-faire ancestral Ă  avoir sĂ©duit l’artisan. "Pour restaurer un monument historique, il faut d’abord identifier les techniques, les matĂ©riaux utilisĂ©s. Il n’est pas question d’utiliser des outils du XIXe siĂšcle pour restaurer une Ă©glise datant du Moyen Âge ! Tout cela demande de bien connaĂźtre l’histoire de l’art, d’ĂȘtre capable de rĂ©aliser conception et Ă©tudes, etc. Pour la clientĂšle privĂ©e, du fait de notre spĂ©cialisation, on doit ĂȘtre force de proposition. Il n’est pas rare qu’on nous laisse carte blanche pour l’ornementation. À nous de jouer en nous appuyant sur l’histoire des techniques et en laissant libre cours Ă  notre crĂ©ativitĂ© !" Des chantiers hors du dĂ©partement Alors que la plupart des tailleurs de pierre en LozĂšre adossent leur activitĂ© Ă  celle de carrier ou sont spĂ©cialisĂ©s dans le funĂ©raire, Franck Fabre est le seul Ă  dĂ©velopper cette spĂ©cialitĂ© monument historique pour les lots de gros Ɠuvre notamment. "Haute-Loire, Cantal, nous n’hĂ©sitons pas Ă  sortir du dĂ©partement. Et les artisans lozĂ©riens, d’ailleurs, ont plutĂŽt bonne presse ! De fait, notre carnet de commandes est plein jusqu’à l’étĂ© prochain." Et l’entreprise, actuellement dans une logique d’embauche, recherche un chef d’équipe ainsi que deux autres maçons. 3504Kn.
  • 7pg9iy2dtv.pages.dev/102
  • 7pg9iy2dtv.pages.dev/313
  • 7pg9iy2dtv.pages.dev/139
  • 7pg9iy2dtv.pages.dev/41
  • 7pg9iy2dtv.pages.dev/491
  • 7pg9iy2dtv.pages.dev/107
  • 7pg9iy2dtv.pages.dev/101
  • 7pg9iy2dtv.pages.dev/162
  • chef d oeuvre compagnon tailleur de pierre